La Reine des lectrices, Alan Bennett
La Reine Elisabeth II d'Angleterre, en retrouvant ses chiens jappant dans un endroit rarement visité de son palais, se retrouve devant un bibliobus et rentre à l'intérieur pour s'excuser du bruit causé par ses chiens. Face aux bibliothécaire et à un jeune cuisinier de son palais, la Reine, par politesse, emprunte un livre un peu au hasard. Ce n'est pas qu'elle n'en ait jamais lu, mais ses fonctions lui en laisse rarement le plaisir... La semaine suivante, voulant échapper à une réunion ennuyeuse avec son secrétaire particulier, elle trouve le prétexte de rapporter le livre emprunté et, se trouvant à nouveau dans le bibliobus, emprunte un livre qui se révèle beaucoup plus passionnant que le premier. Son mari, le Duc, commence à s'étonner de ce nouveau loisir. Les semaines passent et une passion naît chez la Reine. Malheureusement, il faut du temps pour lire, la Reine avec son planning surchargé se voit contrainte de changer certaines habitudes, ce qui n'est pas rien pour un palais rempli...
Ce petit livre au succès mondial est une fiction humoristique d'Alan Bennet, un comique anglais. Il imagine les changements que pourraient avoir la lecture sur une personne telle que la Reine d'Angleterre. L'écrivain nous offre une très fine réflexion sur le pouvoir de la lecture. On imagine très bien cet écrivain avoir été un très grand lecteur avant de se mettre à écrire. Les amateurs de lecture vont être forcément touchés par cette curiosité qui nous pousse à ouvrir un nouveau livre, une fois le précédent terminé. Certaines phrase ont eu une résonance en moi. C'est ici, je pense, que se trouve le succès du livre. Il touche forcément le lecteur qui lit ses pages. Finalement, plus que la Reine d'Angleterre, c'est la lecture le sujet du livre. Se retrouver dans l'intimité d' Elisabeth II est tout de même un plaisir. Il faut naturellement aimer l'humour anglais. Très facile à lire, très plaisant, très frais. Et pour finir, on peut y trouver une mine d'auteurs classiques à découvrir!
Extrait
Peu de gens, après tout, avaient comme elle parcouru la terre entière. Il y avait peu de pays qu'elle n'avait jamais visités, peu de célébrités qui ne lui avaient pas été présentées. Et elle faisait elle-même partie du spectacle du monde. Pourquoi était-elle donc attirée aujourd'hui par les livres, qui -- quelle que soit par ailleurs leur vertu -- n'étaient après tout qu'un reflet, une version du monde ? A quoi bon tous ces livres, puisqu'elle avait vu les choses en vrai ?
- Je crois que je me suis mise à lire par devoir, dit-elle un jour à Norman. Il fallait que je découvre de quoi les gens ont l'air, pour de bon.