Trois femmes puissantes, Marie Ndiaye

Publié le par philippe

IMG_2937.JPGTrois récits, trois destins, trois femmes qui disent "non" à l'humiliation et "oui" à la vie. Norah retrouve son père en Afrique après un longue période sans le voir. Peu de temps après son arrivée, il lui annonce que son frère est en prison. Fanta est la femme de Rudy, un homme névrosé, complètement perdu et qui n'a plus rien du mari qu'il était. Khady Demba a perdu son mari. Rejetée par sa belle famille, elle se retrouve sur le chemin de l'Europe. Ce parcours au départ de l'Afrique se révèle très compliqué au fil du temps.

 

Marie Ndiaye a reçu le prix Goncourt en 2009 pour cette oeuvre intense. L'écriture toute en finesse, nous met dans la tête de ces femmes et de cet homme  pour nous entraîner dans la violence des sentiments auxquels sont confrontés ces personnages. Ces destins universels évoquent les relations franco-africaines, les travers des hommes et les humiliations des femmes et dans un sens plus large de l'humanité, simplement. La prose de cet écrivain que je découvre est fluide et envoûtante, après quelques difficultés pour me sentir à l'aise avec son style, je me suis laissé totalement submerger par les émotions qui traversent ce roman. C'est une très belle oeuvre.

 

Extrait ( Chapitre 1 )

   Elle se rappela alors que Lucie avait parlé d'une sortie au cinéma, ce qui la contrariait maintenant car on était lundi et que les filles devaient se lever tôt pour aller à l'école, et elle dut se défendre contre ce pressentiment de catastrophe ou de terrible désordre qui la visitait chaque fois qu'elle n'était pas là pour voir, seulement voir car elle pouvait toujours intervenir, ce qui se passait. Elle portait ces appréhensions au compte de ses défauts, non de ses faiblesses.

   Car c'était trop d'orgueil que de considérer qu'elle seule savait organiser correctement la vie de Lucie et Grete, qu'elle seule pouvait, grâce à la puissance de sa raison de son anxiété, empêcher le désastre de franchir son seuil.

   N'avait-elle pas déjà ouvert sa porte au mal souriant et débonnaire?

   L'unique moyen de compenser les effets de cette grave erreur consistait en sa présence constante, vigilante et inquiète.

Publié dans Romans français

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